L’ESSENTIEL (extrait des avis d’experts)
Généralités
- Le patient Covid-19 est à risque de dénutrition.
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La dénutrition a une valeur pronostique péjorative et doit donc être prévenue si possible, diagnostiquée et prise en charge précocement.
- Indice de masse corporelle (IMC) et perte de poids, critères phénotypiques de dénutrition, doivent être déterminés dès l’admission.
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La maladie Covid-19, par sa sévérité, doit être retenue comme critère étiologique pour le diagnostic de dénutrition.
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La bioimpédancemétrie et la mesure de la force musculaire par dynamométrie « handgrip » sont déconseillées chez les patients Covid-19 en raison du risque de transmission virale accru par les contacts patients.
- Les protocoles de diagnostic et de traitement nutritionnel en vigueur dans l’établissement restent inchangés. Leurs modalités pratiques de mises en œuvre doivent s’adapter aux protocoles ministériels et institutionnels mis en vigueur durant la période d’épidémie et à leur évolution.
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Pour les patients nécessitant, après avis des consultants en nutrition clinique, une nutrition parentérale, il est rappelé qu’il s’agit d’un geste stérile.
Spécificités des malades Covid-19 hospitalisés en réanimation
- Le patient Covid-19 hospitalisé en réanimation est à très haut risque de dénutrition.
- La calorimétrie indirecte ne doit pas être utilisée, car l’intégralité des procédures de décontamination adaptées utilisée habituellement ne peut être garantie en contexte épidémique et ce, même si le capteur est situé en amont du filtre respiratoire HME (« heat and moisture exchanger »).
- La nutrition entérale doit être privilégiée et démarrée dans les 48h suivant l’admission.
- La nutrition entérale en site gastrique est souvent possible, même en décubitus ventral.
- La nutrition entérale doit être réalisée à l’aide d’une pompe avec régulateur de débit.
- Le syndrome de renutrition inappropriée (SRI) doit être prévenu.
- En règle générale, la nutrition parentérale ne devrait pas être débutée avant J4.
- La nutrition parentérale est indiquée :
- si la nutrition entérale est impossible ou contre indiquée ou en complément d’une nutrition entérale tant que celle-ci est insuffisante
- si la nutrition entérale en decubitus ventral est associée à des vomissements

Conscients du fait que la mise en œuvre pratique de ces avis sera illusoire à l’hôpital dans les périodes de débordement en première ligne, les experts proposent un geste simple : tout patient Covid-19+ hors réanimation qui ne peut être alimenté, doit recevoir au moins 3 compléments nutritionnels oraux par jour, tant qu’il n’y a pas limitation de soins.